Bienvenue sur le site de l'Association des Amis de Thorstein Veblen.

L'association les amis de Thorstein Veblen relance son activité depuis Lyon. Ce site est entièrement dédié à la recherche pluridisciplinaire en sciences humaines et économiques, la dimension institutionnelle et historique des faits sociaux étant une préoccupation majeure. C'est un site critique à la croisée des sciences sociales, largement inspiré par l'institutionnalisme de Thorstein Veblen et la pensée de Karl Polanyi.

 

Welcome to the website of the Veblen Society.

The Veblen Society, based in Lyon, is resuming its activities.
This website is entirely devoted to multidisciplinary research in humanities and economics, with an emphasis on the institutional and historic dimension of social facts. This critical website covers the various fields of social sciences and is greatly inspired by Thorstein Veblen's institutionalism and Karl Polanyi's philosophy.

 Le site des Amis de Thorstein Veblen met tout d'abord à la disposition des lecteurs un ensemble de documents sur T. Veblen issus des travaux des membres de cette association. Vous y trouverez notamment dans la rubrique Documents la thèse de notre collègue Olivier Brette - lauréat du Veblen 150 prize - Un réexamen de l'économie évolutionniste de Thorstein Veblen (2004), trois articles du même auteur un article en anglais Thorstein Veblen's Theory of Institutional Change: Beyond Technological Determinism et deux articles sur L'accumulation des connaissances technologiques dans la pensée de Thorstein Veblen et sur Connaissances technologiques, institutions et droits de propriété dans la pensée de Thorstein Veblen, un article de Jérôme Maucourant Pulsions et institutions : l'apport de Thorstein Veblen et de très nombreux liens et références aux travaux des membres de cette association sur cet auteur (voir Publications des membres). Par ailleurs, notre site présente également des références aux travaux de spécialistes sur Karl Polanyi et notamment des liens vers des livres ou articles  (comme Polanyi on Institutions and Money - An interpretation suggested by reading of Commons, Mitchell and Veblen)de Jérôme Maucourant auteur de Avez-vous lu Polanyi, récemment réédité chez Champs - Flammarion en 2011.

 

 

NB : il est possible de nous soutenir en adhérant à l'Association - 20 euros ou 10 euros à adresser à Olivier Brette - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - le bulletin d'adhésion est accessible ici

 

 Année 2023 - 2024

 

 

Programme 2024

 

Prochaine conférence le 27 mars 2024 - 18 h 15 : Bernard LAHIRE MSH 14, Avenue Berthelot 69007 - Lyon - tram T2 - amphithéâtre Marc Bloch

 

Les amis de T. Veblen et l’Association des professeurs de Sciences économiques et sociales (Apses) sont heureux de vous annoncer la prochaine conférence - débat de Bernard Lahire.
 
Venez nombreuses et nombreux (grand amphi !) pour cette conférence exceptionnelle !
 
Elle aura lieu le mercredi 27 mars 2024 à partir de 18 h 15 à la Maison des sciences de l’homme (MSH), 14, avenue Berthelot - 69007 - Lyon - tram T 2 - arrêt Centre Berthelot. Lieu précis : amphithéâtre Marc Bloch - voir plan ci-joint et fléchage (accessible par l’arrière du bâtiment). 
 
Bernard Lahire vient de publier Les structures fondamentales des sociétés humaines aux Editions La Découverte août 2023.
 Bernard Lahire est actuellement directeur de recherche au CNRS, membre du centre Max Weber à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Il dirige la collection "Sciences sociales du vivant" aux Editions La Découverte
 
Cet ouvrage ambitieux se propose de renouveler le projet scientifique des sciences sociales :
« Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l’espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ? » Ce plaidoyer pour un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l’éthologie, la paléo-anthropologie, la préhistoire, l’anthropologie, l’histoire et la sociologie s’avère passionnant et particulièrement stimulant. 
L’auteur rédige tout d’abord « un manifeste pour les sciences sociales » qui auraient renoncé à leur visée scientifique générale, à la recherche de lois et d’invariants pesant sur les organisations sociales. 
Il souligne ensuite la nécessité et l’intérêt de replacer les sociétés humaines au sein de l’ensemble plus vaste des sociétés animales, tout en se démarquant fermement de la sociobiologie ou de toute forme de réductionnisme. Si en effet, l’espèce humaine est la seule à atteindre le stade du « culturel » dans son évolution, elle n’est pas la seule espèce « sociale ». Il est possible et nécessaire selon lui de ne pas limiter le comparatisme aux seules sociétés humaines, mais d’y inclure l’ensemble des formes sociales expérimentées par le vivant. 
Cette réflexion lui permet de reposer la question de l’origine et de la perpétuation des inégalités et des rapports de domination, dont la connaissance des ressorts profonds permettrait la maîtrise et le dépassement…
 
Programme 2024 (prévisions)
 
L’association Les amis de Veblen de Lyon reprendra ses activités avec son nouveau bureau et son nouveau président Victor Vieira Da Silva.  Nous prévoyons pour le moment d’inviter Nicolas Duvoux et Bernard Lahire qui ont tous deux donné leur accord de principe. Reste à définir un calendrier précis qui vous sera prochainement communiqué. Nous prévoyons de nous associer avec l’Association des professeurs de Sciences Economiques et Sociales (APSES). 
 
Nicolas Duvoux a publié un ouvrage remarqué en 2023 L’avenir confisqué - Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine, aux Presses Universitaires de France. Il y renouvelle avec succès l’approche des inégalités et des classes sociales par une analyse dynamique qui permet de prendre en compte la façon dont les acteurs se projettent dans le futur, leurs espoirs et leurs inquiétudes… 
Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’Université Paris VIII, chercheur au CRESPPA et rédacteur en chef de La Vie des Idées. 
 
Bernard Lahire vient de publier Les structures fondamentales des sociétés humaines aux Editions La Découverte août 2023. 
Cet ouvrage ambitieux se propose de renouveler le projet scientifique des sciences sociales :
 
 « Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l’espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ? » Ce plaidoyer pour un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l’éthologie, la paléoanthropologie, la préhistoire, l’anthropologie, l’histoire et la sociologie s’avère passionnant et particulièrement stimulant. 
 
Bernard Lahire est actuellement directeur de recherche au CNRS, membre du centre Max Weber à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Il dirige la collection "Sciences sociales du vivant" aux Editions La Découverte
 
 
 
Programme 2022 - 2023
 

  Le 23 février 2023, Bruno Milly, professeur d’Université en sociologie à l’Université Lyon 2, Directeur de l'Ecole doctorale sciences sociales, est venu nous parler de ses recherches sur la crise du travail.  La conférence a eu lieu à la Maison des sciences de l’homme, 14, avenue Berthelot - Lyon 7 ° Tramway T2 (Centre Berthelot) à partir de 18 h 30. 

 
 Le travail dans le secteur public est-il en crise ? 
 
Le thème de la crise du travail, s’il n’est pas nouveau, a pris de nouveaux contours ces derniers mois, dans les discours publics, politiques, médiatiques, parfois scientifiques. Avec la crise épidémique mondiale, l’essor du télétravail, les difficultés de recrutement dans certains secteurs d’activité, de supposés nouveaux phénomènes de société (déclin des vocations, grande démission et défections généralisées, essor des bifurcations professionnelles, démission silencieuse - quiet quieting), nombre sont ainsi les discours interrogeant une crise généralisée du travail. Et les sociologues sont appelés au débat pour discuter cette (hypo-)thèse. Je pense par exemple à Dominique Méda ou Marie-Anne Dujarier.
Plutôt que d’entrer dans un débat qui ne me paraît pas avoir de fin – pour l’instant ! –, je propose dans cet échange de traiter la question sous une autre facette. Ce succès public du thème de la crise du travail ne cache-t-il pas des phénomènes plus souterrains, tout au moins publicisés, mais aussi plus massifs et moins contestables, comme celui d’une crise du travail dans le secteur public ?
 
Il y a près de dix ans (Le travail dans le secteur public. Entre institutions, organisations et professions, 2012), pour faire le bilan de différentes recherches menées dans les années 2000 dans le champ du secteur public (prisons, organisations du ministère de l’Equipement, hôpitaux), j’affirmais que les écologies professionnelles – selon une terminologie empruntée à Andrew Abbott – du secteur public étaient plus ou moins ébranlées par les transformations des politiques publiques en France et que nous ne pouvions pas établir un diagnostic transversal de crise : l’écologie carcérale était stabilisée, celle de l’équipement déstabilisée, celle de l’hôpital mouvante. Dix ans après, avec d’autres terrains, des échanges renouvelés avec les professionnels de santé hospitaliers, la lecture aussi de nouveaux travaux de sciences sociales sur l’hôpital public en France (par exemple La casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public, de Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent, 2019), je serais beaucoup moins affirmatif, en tout cas sur le champ hospitalier : le nouveau management public appliqué à l’hôpital (avec ses déclinaisons : tarification à l’activité, nouvelle gouvernance, nouveaux schémas d’organisation des soins, diffusion des dispositifs de démarche-qualité, …), installé dans les années 2000 mais poursuivi dans la décennie suivante sous l’étendard de la « modernisation de l’action publique », aurait-il fini par atteindre le cœur de l’activité hospitalière publique, par en déstabiliser fondamentalement les organisations, les professions et peut-être le projet institutionnel ? Et ce phénomène, s’il est bien avéré, ne serait-il le symptôme d’une dégradation plus générale de l’ensemble des activités relevant du secteur public en France ? A trop servir un débat sur une crise générale du travail, n’en viendrait-on pas alors à oublier un enjeu politiquement plus sensible : celui de la « casse » du service public ? Autant de questions sur lesquelles je n’ai pas de réponse certaine, mais que je vous propose d’explorer ensemble, entre spécialistes et amateurs.trices de sciences sociales, ami.es de Thorstein Veblen.
 
 
 
Le 12 janvier, en visioconférence à 20 h nous avons eu le plaisir d’entendre Manon Garrouste, maître de conférence en économie à l’Université de Lille, chercheuse au LEM-CNRS, et au CREST spécialiste de l’évaluation des politiques publiques et des politiques de la ville qui viendra nous parler de ses travaux sur les effets du classement en zones prioritaires des collèges et sur les difficultés rencontrées dans la lutte contre les inégalités sociales de réussite scolaire.  Merci à Manon pour son exposé clair et pertinent. Merci aux participants de la discussion. 
 
Titre de son exposé ; 
 
 Politiques éducatives compensatoires : ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et pourquoi ?
 
Pour accéder à l'enregistrement, nous contacter pour communication du lien. 
 
Résumé : En France les politiques d'éducation prioritaire ciblent des établissements scolaires sur la base de désavantages sociaux. Il s'agit de redistribuer les ressources en donnant des moyens supplémentaires à des établissements  scolaires identifiés comme défavorisés dans le but de réduire les inégalités de réussite scolaire. Cependant, ces dispositifs ne tiennent généralement pas compte des réponses des élèves et de leurs familles à la labellisation "prioritaire". Ces réponses sont pourtant susceptibles de créer des stratégies d'évitement scolaire qui vont à l'encontre des objectifs recherchés. Comment réduire les inégalités de réussite scolaire ? Qu'est-ce qui fonctionne ? Qu'est-ce qui ne fonctionne pas et pourquoi ?
 
 Quelques références : 
    - Stefanou, A., MEN, DEPP (2018) : https://archives-statistiques-depp.education.gouv.fr/Default/doc/SYRACUSE/43875/l-education-prioritaire-etat-des-lieux-alexia-stefanou?_lg=fr-FR
    - Stefanou (2022) : https://eduscol.education.fr/document/42376/download
    - Caille, J. P., Davezies, L. et Garrouste, M. (2016) : https://www.cairn.info/revue-economique-2016-3-page-639.htm?try_download=1
    - Benabou, R., Kramarz, F. et Prost, C (2004) : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1376492?sommaire=1376498
    - DEPP (2021) : https://archives-statistiques-depp.education.gouv.fr/Default/doc/SYRACUSE/50756
    - Merle (2012) : https://www.editionsladecouverte.fr/la_segregation_scolaire-9782707171160
    - Piketty, T. et Valdenaire, M. (2006) : http://cache.media.education.gouv.fr/file/48/4/2484.pdf
    - Bouguen, A., Grenet, J., Gurgand, M. (2017) : https://www.ipp.eu/wp-content/uploads/2017/09/n28-notesIPP-sept2017.pdf
 
 
 
 
Le 1 décembre 2022 à 20 H en visioconférence nous avons accueilli Nadjib Abdelkader ( co-auteur de Polanyi et l’imaginaire économique, collection Les précurseurs de la décroissance, Le passager clandestin, 2020) qui viendra nous présenter les éléments essentiels de l’oeuvre de Ivan Illich. 
 
 
 
Merci à notre intervenant de nous faire connaître cette pensée et de nous permettre son évaluation critique. 
 
 
 Pourquoi relire Karl Polanyi au XXI e siècle ?

Un nouvel article sur notre site (rubrique "Documents")

 Extrait pour l’Association Les amis de Thorstein Veblen (Lyon) de l’article « Pourquoi relire Polanyi au XXIe siècle », L’Économie politique n°93, février 2022, p. 102-112.

Par 

Solène Morvant-Roux, 

Jean-Michel Servet, 

André Tiran.

 (en ligne le 23/4/2022)

 Conférence du 10 mars 2022

 Comme annoncé dans le numéro de mars d’Alternatives économiques (mars), l’association Les amis de Veblen de Lyon a organisé avec l’Association des professeurs de Sciences économiques et Sociales (APSES) une conférence - débat le 10 mars 2022 à la Maison des Sciences de l’Homme, 14, avenue Berthelot, tramway T 2, salle Marc Bloch 69007 Lyon. 


David Cayla, maitre de conférences à l'Université d'Angers, chercheur au Granem, est intervenu sur le thème suivant :
 
 « L’intégration économique européenne est-elle un facteur de désintégration sociale ? . 
 
Selon lui, vingt ans après leur avènement, le marché unique (1986) et l’euro (1992) ont profondément réorganisé la géographie et les sociétés européennes. Ils ont d’une part conduit à une polarisation industrielle entre les régions du coeur et les territoires périphériques du continent et, d’autre part suscité d’importants mouvements migratoires.  Ces transformations  économiques et sociales ont par ailleurs engendré des divergences politiques au sein de l’Union et le développement de forces populistes. A l’heure où les tensions géopolitiques s’accroissent dans le monde et où la notion de souveraineté européenne peine à se matérialiser, cette conférence entend établir un bilan critique et politique de l’intégration économique de l’Union européenne »
 
David Cayla a écrit de nombreux ouvrages sur ce thème dont Populisme et néolibéralisme. Il est urgent de tout repenser, De Boeck Supérieur, 2020
 
Lecture conseillée (de cet auteur) : 
 
 
Références
 
CAYLA, D et C. DELAUME, La fin de l'Union européenne, Michalon, Paris, 2017.
CAYLA, D., L’Economie du réel face aux modèles trompeurs, De Boeck Supérieur, 2018.
CAYLA, D et C. DELAUME, 10+1 Questions sur l’Union européenne, Michalon, Paris, 2019.
CAYLA D. « Crise de l’euro et divergences économiques : les conséquences du marché unique pour l’unité européenne », in Céline Jouin (dir), La constitution matérielle de l'Europe, Pedone, 2019.
CAYLA, D.,Populisme et néolibéralisme. Il est urgent de tout repenser, De Boeck Supérieur, 2020.

 

Conférence du jeudi 16 décembre  à 20 h en visioconférence libre accès sur zoom (lien ci-dessous) Nicolas Dufrêne, « La monnaie écologique »

Nicolas Dufrêne est président de l'institut Rousseau (dont le président d'honneur est Gaël Giraud). Il est aussi l'auteur avec Alain Grandjean d'un ouvrage remarqué sur la question: Une monnaie écologique. Pour sauver la planète, O.Jacob, 2020. Vous pouvez suivre  ce lien pour prendre connaissance  des références de l'ouvrage. Ces auteurs recherchent des solutions au problème climatique et écologique dont l’urgence vient d’être soulignée :  ils proposent d’agir par des moyens monétaires pour financer la transition indispensable des modes de production et d’échange,  en utilisant notamment les ressources que donnent le contrôle de l’émission monétaire par les Banques centrales (et particulièrement la BCE).

 

Voici le lien vers la conférence de Nicolas Dufrêne du 16 décembre sur le financement possible de la transition écologique par divers moyens ciblés, dont la création d’une "monnaie écologique" pour agir efficacement. Un exposé clair et stimulant qui donne un peu d’espoir en ces moments si sombres, car des moyens existent contrairement au catastrophisme affiché et au fatalisme dominant. Merci à Nicolas Dufrêne et aux intervenants dans le débat qui a suivi. 
 
 
 
Si le coeur vous en dit vous pouvez aussi écouter une vidéo fournie par l’Institut Rousseau sur la question des illusions de la finance verte en suivant ce lien  : 
 
➜ Découvrez l'émission complète sur YouTube : https://youtu.be/BJTVJGRFhdg
 
"Les illusions de la finance verte"… avec Gaël Giraud, Alain Grandjean, Nicolas Dufrêne…
 
L’association vous souhaite une bonne fin d’année, de belles fêtes et beaucoup de convivialité. 
 
A l’an prochain !
 
 

Nous avons eu le plaisir d’accueillir ce jeudi 25 novembre à 18h45 

Frédéric Lefèvre, « L’enjeu énergie-climat : les apports du GIEC »Frédéric Lefèvre est Professeur des Universités à l’INSA Lyon où il a dirigé pendant plusieurs années le Département Génie Energétique et  Environnement. Cette présentation a abordé, de manière non exhaustive, quelques enseignements des rapports les plus récents du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). Sa conférence a bien souligné les enjeux du changement climatique qui impliquent une action coordonnée déterminée et de très grande ampleur dans les 10 ans à venir pour espérer le maintenir dans des limites acceptables humainement et socialement (entre 1, 5 et 2 degrés). Elle s’est appuyée sur des données très précises extraites des rapports du GIEC, données synthétisées et présentées de façon très pédagogique. Merci à lui ! 

L’audio de la conférence sera prochainement accessible depuis le site Les amis de T. Veblen et sur Dailymotion. 

Si vous le souhaitez nous pouvons vous envoyer sur demande les diapositives accompagnant sa conférence.

 

Ici l'audio de la conférence de Frédéric Lefèvre du 25/11/2021 - Lyon


Cliquer pour télécharger
L'enjeu énergie climat - les apports du GIec - Frédéric Lefèvre - Insa - 25_11_2021 - Lyon.m4a
38,4 Mo

 

 

  

Conférences de la  saison 2020 - 2021 : 

 

  Nous avons eu le grand plaisir d’accueillir Anne Lambert le 2 juin 2021

Voici le lien vers l’enregistrement de sa conférence fort intéressante du 2 juin : https://drive.google.com/file/d/1rxnGuEnMITqIsdOv3x1-o0wtXfpyvuu8/view?usp=sharing
 
 
Anne Lambert, sociologue, chercheuse INED,  vient de publier  L’explosion des inégalités Classes, genre et générations face à la crise sanitaire, Seuil, 2021 avec Joanie Cayouette-Remblière, préface de Dominique Méda sur l’impact de la pandémie sur les inégalités caractéristiques de la société française exacerbées par la crise sanitaire.
 
 « Le texte que l'on va lire permet de donner une assise solide à ce qui pourrait n'apparaître que comme des affirmations sans fondement. Il apporte la preuve scientifique que la crise sanitaire a révélé et exacerbé des inégalités sociales trop souvent invisibilisées. » D. Méda

 

 

 Nous avons eu le plaisir d’accueillir Christian Chavagneux, directeur de publication et éditorialiste du journal Alternatives économiques, auteur de nombreux ouvrages et articles, invité de France Inter tous les samedis matins à 9 h ,  le mercredi 19 mai à 20 h en visioconférence via zoom sur le thème du devenir du capitalisme et tout particulièrement sur l'existence d'une "révolution Biden". 
 
 Vous pouvez écouter ou réécouter cette conférence en suivant ce lien : 
 

 

 Frédéric Farah, professeur de sciences économiques et sociales, chargé de cours à La Sorbonne nouvelle, chercheur associé au laboratoire Phare (Paris I) est intervenu le jeudi 11 mars à 20 h

" La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne"

le lien pour le replay :

 Conf_FredericFarah_11mars21.mp4

Frédéric Farah nous a proposé une lecture originale et engagée de la politique des Banques centrales, et tout particulièrement de la BCE, à partir d’une approche inspirée par une re-lecture de Thorstein Veblen.Ne manquez pas cette conférence suivie d’un débat.

F. Farah nous a envoyé un texte d’introduction (extraits).

"Veblen offre du capitalisme financier, qu’il voit émerger, la conception d’un régime économique fondé sur de nouvelles pratiques commerciales, financières et bancaires qui s’emparent de la production et nous éloignent du capitalisme de Ricardo et Marx. Quand la finance soumet l’industrie, il faut comprendre comment les représentations collectives aliénantes sont autant d’images agissant sur la société. Veblen est un savant iconoclaste, un briseur de cette économie des images, secret de la nouvelle forme que prend le capitalisme au début du xxe siècle. Une forme qui, depuis lors, a connu bien des avatars déclinés à l’envi grâce aux multiples progrès techniques, mais une forme qui, pour l’essentiel, demeure un principe toujours organisateur du capitalisme. À cet égard, les dispositifs monétaires et financiers ne peuvent être compris sans prêter attention à l’empire que les vested interests exercent sur le système économique. Veblen soutient que le Système de la Réserve fédérale est, par excellence, une émanation de ces intérêts établis, véritable machine à produire de l’illusion de façon à opérer des transferts de richesses au profit de la perpétuation d’un pouvoir de classe." J. Maucourant, Introduction à "Etat, rente et prédation", Open édition, 2016

 

 

 

25/2/2021 - Marc Pavé, professeur agrégé d'histoire en khâgne AL, en Guyane,  docteur en histoire de l'environnement, 

 sur "l'histoire de la Guyane"  le jeudi 25 février 2021 à 20 h  en visioconférence

Voir ici l'excellente conférence en replay 

 Conference Marc Pave 25Fev21.mp4

 

 21/1/2021 - Burak Gürbuz - professeur d'économie à l'Université Nisantasi, Istanbul - sur la situation politique et sociale en Turquie est intervenu le jeudi 21 janvier à 20 h

"La Turquie, l'AKP et la gauche libérale""  : vous pouvez écouter cette visioconférence sur la Turquie en téléchargeant sa version audio en suivant ce lien 

https://drive.google.com/file/d/1FgEc-xGV9lijVbTx2U9-olGnLpMYJp1T/view

 

 

  * Audio et vidéo :

Les amis de Veblen sont sur Facebook et sur Dailymotion !

Vous trouverez deux conférences sur la Théorie critique de l'École de Francfort (celle de D. Hoss - professeur de sociologie à l'Université Lyon II sur la question de la pratique en lien avec les transformations historiques des mouvements sociaux et celles de D. Collin - professeur agrégé de philosophie - sur l'actualité de cette pensée - I° partie et II° partie) ainsi que la conférence de Claude Gautier - professeur de philosophie politique à l'ENS Lyon - sur le philosophe américain John Dewey - Après le libéralisme - Liberalism and Social Action - sur le pragmatisme et son influence contemporaine dans les sciences sociales.

La conférence de Gérard Duménil du 3 mars sur le néolibéralisme, son contenu, ses effets est également disponible.

Guillaume Duval : L'Allemagne, un modèle pour la France ? voir dans la rubrique documents (le compte rendu de son intervention est disponible ici), une note issue d'un article intéressant du Monde diplomatique sur l'ordolibéralisme allemand ici

L'intervention de Jérôme Maucourant au colloque de Paris 1 - Sorbonne sur K. Polanyi et K. Marx est en ligne également   (voir ici pour un accès direct).
De même que son intervention sur T. Veblen au colloque de Beyrouth - juin 2015 - T. Veblen et l'économie de l'illusion - (voir ici pour un accès direct)


Voir aussi sur You Tube un entretien (cliquer sur ce lien en bleu)  en vidéo de Jérôme Maucourant sur Karl Polanyi

 

 Satisfecit !

  Un soutien de poids pour Les amis de Veblen celui de de Kari Polanyi Levitt (fille de Karl Polanyi)

Dear Bernard,

Please accept my congratulations on the new site for the Veblen Foundation in Lyon.
I am delighted Karl Polanyi has been linked with Veblen as foundational institutionalist critics of market society.
 
I would very much like to be able to attend the event on March 29th, celebrating collection of work published as Trade and Market in Early Empires, and edited by Karl Polanyi, Conrad Arensberg, and Harry Pearson. It is very important that this book is now available in French.
 
Regrettable, previous commitments to the University in Trinidad would not enable me to come.
 
With best wishes,
 
Kari Polanyi Levitt

 

 

 

 


 

L' Association des amis de Thorstein Veblen ©

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le capital fait sa révolution

Notes à partir de l’ouvrage de Grégoire Chamayou, La société ingouvernable, Une généalogie du libéralisme autoritaire, La Fabrique éditions, 2018 – Bernard Drevon

NDR - Cette note doit beaucoup à l’article de Joseph Confavreux du vendredi 19 octobre 2018 publié dans Mediapart « Dans la tête du capital » largement cité.

    Face aux revendications politiques démocratiques et sociales des années 1970, décrites par exemple par L. Boltanski et E. Chiapello dans leur ouvrage, Le nouvel esprit du capitalisme,  sous forme d’une double critique « artiste » d’une part, « sociale » d’autre part émanant de la jeunesse révoltée et de la classe ouvrière et ce depuis la fin des années 1960 (voir Mai 68), s’élabore un contre-mouvement théorique et pratique multiforme et procédant par tâtonnement. Il nous conduira au néolibéralisme contemporain, synthèse largement « bricolée » au fil des stratégies d’entreprise et de la résolution de questions de politiques économiques et de contrôle social, mais qui s’est également appuyée sur les contributions théoriques de philosophes et d’économistes. Le fil directeur adopté est celui de la « gouvernementalité », hérité de Foucault, mais largement réinterprété et actualisé. Bien que portant sur les années 1970 et 1980, cet ouvrage nous donne des schèmes d’interprétation pour comprendre la société contemporaine à l’heure où la conflictualité semble rebondir, tout en prenant des formes nouvelles (voir le mouvement des « gilets jaunes »).

    L’auteur choisit de partir des « points de tension repérable, des conflits tels qu’ils ont éclaté, pour examiner comment ils ont été thématisés, quelles solutions ont été envisagées. » Il précise bien que ce qu’il nomme  « la grande réaction », celle qui se prépare dans les années 1970, avant de se déployer dans les années 1980,  ne peut se réduire à sa composante économique néolibérale. « On contre-attaque en ordre dispersé, chacun s’efforçant de colmater les brèches sur son terrain, sans coordination centrale ni unité doctrinaire. » Le point nodal est le pouvoir en tant que relation sociale, son exercice, et sa reconquête alors qu’il semble échapper aux groupes en contrôlant l’exercice traditionnellement.

      Le premier point de tension est le travail, son organisation dans l’entreprise qui fait l’objet d’une part de revendications classiques portant sur le partage de la valeur (augmentation de salaires) et de revendications qualitatives sur la durée du travail, son organisation, l’exercice du pouvoir dans l’entreprise (pouvant aller jusqu’à l’autogestion – voir le conflit aux usines Lip, 1973) et le refus du travail industriel lui-même (sabotage, absentéisme, refus de la discipline d’atelier). Bref, les grandes entreprises fordistes deviennent à proprement parler ingouvernables en Europe, comme aux Etats-Unis : les grèves se multiplient, la productivité s’en ressent, de même que la profitabilité.
     
      L’auteur illustre ceci par un exemple :


        « L’état de tension sociale s’alarme le Wall Street Journal en 1969, est le « pire que l’on ait connu de mémoire d’homme ». Tout laisse à penser que l’on se dirige, annonce Fortune, vers une « bataille épique entre le management et le travail. » De fait, au cours de la seule année 1970, près de 2 millions et demi de travailleurs se mettent en grève aux Etats-Unis. (…) A l’importance numérique des mobilisations s’ajoute la radicalité des formes de lutte. Au-delà des revendications salariales, les griefs portent sur les formes d’organisation du travail et visent l’autorité qui les impose (…) En 1970, le PDG de General Motors adresse un avertissement à ses salariés : « nous ne pouvons pas tolérer que les employés fuient leurs responsabilités, contreviennent aux disciplines les plus élémentaires et bafouent l’autorité (…). »
      Face à ces menaces, la méthode autoritaire échoue ce qu’illustre les déboires de l’usine General Motors ultra-moderne (automatisation maximale, cadences accélérées) pour l’époque de Lordstown dans l’Ohio où les pertes s’accumulent, de même que les actes d’indiscipline, le tout se terminant par une grève sauvage victorieuse d’un mois en mars 1972. Cette crise analysée par Grégoire Chamayou comme celle de la « gouvernabilité disciplinaire » va faire l’objet de recherches et d’actions : « il faudrait inventer un nouvel art de gouverner le travail ».
      La première voie de recherche fut celle du management participatif, visant à substituer l’engagement au contrôle, l’enrichissement des tâches à la division toujours accrue du travail et à l’accroissement des exigences. Si certaines expériences ont pu s’avérer positives, elles se sont heurtées à la forte résistance des managers qui se voyaient privés de leur pouvoir organisationnel. « En réalité, estimait André Gorz, l’hostilité patronale n’a pas des raisons essentiellement techniques ou économiques. Elle est politique. L’enrichissement des tâches, c’est la fin de l’autorité et du pouvoir despotique des grands et petits chefs ». Le dilemme était donc le suivant : ou bien reconduire et accentuer un régime disciplinaire générateur de conflits violents, ou bien promouvoir une autonomie qui pouvait se révéler contraire à l’exercice du pouvoir dans l’entreprise.
     
      Une autre voie s’ouvrait : l’insécurité sociale…
     
      « Pour discipliner au-dedans, laisser jouer à plein l’insécurité économique et sociale au-dehors. » Le chômage de masse, la précarité de nombre d’emplois, la menace du licenciement engendrèrent une « pression disciplinante externe ». « Les générations qui sont nées après 1973, celle qui ont grandi à l’ère de la crise perpétuelle, ont intériorisé, l’une après l’autre, l‘idée que chacune vivrait globalement moins bien que la précédente. Elles ont réappris à avoir peur. » Cette offensive prit des formes diverses : la « guerre aux syndicats » ne fut pas la moindre, accusés tout à la fois d’arracher des augmentations de salaire insupportables et de ne plus contrôler leur base et de discipliner leurs troupes. Critiqués également par les jeunes travailleurs pour leurs compromissions avec les directions et leur manque de combativité, les syndicats firent l’objet d’offensives virulentes de la part du patronat. Ces offensives furent pleinement justifiées par certains courants de la pensée néolibérale qui triomphèrent à cette époque.
      La « révolution managériale » fut une autre voie fondée sur une analyse fine de la séparation de la propriété et du contrôle, pressentie par Adam Smith, et théorisée par les économistes Adolf Berle et Gardiner Means, L’entreprise moderne et la propriété privée (1932). Le pouvoir avait échappé aux actionnaires, soumis qu’ils étaient à une technostructure contrôlant le savoir et les réseaux d’influence. Il fallait en finir avec une gestion « politique » des grandes firmes, cherchant à concilier les intérêts des différents partenaires (salariés, consommateurs, managers) pour redonner tout le pouvoir aux actionnaires. Comment contrôler les managers ? Tel fut le leitmotiv. Milton Friedman très tôt (1958) avait tiré la sonnette d’alarme : pour lui le management devait accepter l’idée qu’il n’avait « d’autres responsabilités sociales que de faire le plus d’argent possible ». Pour « discipliner les managers », il convenait de repenser les relations entre propriétaires du capital et les cadres salariés dirigeants. Ce fut théorisé sous la forme du modèle « principal-agent ». Comment faire pour que l’agent obéisse aux intérêts du principal, ici l’actionnaire ? Les économistes néo-libéraux Michael Jensen et William Meckling (1976) proposèrent de lier les rémunérations des managers aux cours et aux rendements des actions (par exemple par des stocks options et un ensemble d’incitations), ouvrant la voie à la financiarisation des critères de gestion des firmes et à « un effet disciplinaire du marché ». Ceci ouvrit la voie au démantèlement des lois anti-trust, les fusions-acquisitions permettant la prise de contrôle des firmes moins rentables, les restructurations des grandes firmes, avec des licenciements massifs et la liquidation des activités annexes, le recours à la sous-traitance.
      Ceci permit aussi de laminer la fraction la plus organisée et la plus remuante de la classe ouvrière américaine. Paradoxe cruel : dans cette course aux profits boursiers des années 1980, les fonds de pension gérant les retraites des travailleurs américains contribuèrent à mettre sur le carreau des pans entiers de la classe ouvrière américaine !
     
      « Illustration de la contradiction centrale du capitalisme en général, et du capitalisme fondiste en particulier, celle du grand détournement antisocial de la richesse sociale » selon l’auteur.
     
      On avait donc trouvé le moyen d’arrimer les intérêts des managers à ceux des actionnaires avec la « théorie de l’agence ». Ceci reçut le doux nom de « gouvernance ». On peut préciser le concept : il désigne l’ensemble des tentatives pour instituer « un art de gouverner les gouvernants » en les soumettant au contrôle impersonnel du marché. Friedrich Hayek soucieux de se démarquer de la définition traditionnelle de l’économie comme oikonomia avait forgé le néologisme de « catallaxie » pour désigner « le système de multiples économies en interrelations constituant l’ordre du marché » ou, mieux, « l’ordre spontané conduisant au marché ». Ce mode de pilotage automatique est d’une redoutable efficacité. Nous passons d’une régulation consciente, celle du maître (dans l’oikos, le domaine, régie par l’oikonomia définie par Aristote) à une régulation inconsciente, automatique passant par des critères financiers :
      « Toute déviation par rapport à l’étalon de la valeur actionnariale entraînera instantanément une réaction défavorable impactant le cours de l’action. »
      La Bourse des valeurs et la valeur actionnariale sont ainsi érigées en instances ultimes de contrôle des gestionnaires salariés et de gouvernement des entreprises (et bientôt des Etats), convertissant le chaos de la concurrence capitaliste en régularité prétendument ordonnée. Bien entendu, cette pression disciplinaire constante devait théoriquement par « ruissellement » se répercuter sur les salariés. Ce nouvel ordre présenté comme un « cosmos spontané » (F. Hayek) est en fait le fruit d’une déconstruction/reconstruction activement consciente et constamment reproduite pour le plus grand bénéfice des propriétaires du capital.
      
Ce transfert de pouvoir des managers vers les actionnaires s’est accompagné de stratégies de défense de la libre entreprise

      Ceci est manifestement le cas pour la défense des grandes entreprises, mises en cause sur plusieurs fronts : social, environnement, santé, développement. Comme le soulignait David Rockfeller en 1971, la « libre entreprise » est soumise à la « plus grande défaveur publique » que le business ait connue depuis les années 1930 puisqu’on l’ « accuse de détériorer la condition des travailleurs, de tromper les consommateurs, de détruire l’environnement et de léser les jeunes générations. »
      Face à cette contestation « se développent peu à peu des savoir-faire inédits. On passe d’une rhétorique guerrière à une véritable réélaboration stratégique. Au croisement des relations publiques, du renseignement militaire et des tactiques contre-insurrectionnelles, quelque chose de nouveau se met en place » dans les années 1970 : les éléments « d’une doctrine contre-activiste d’entreprise. »
      Par exemple, Nestlé embauche Rafael Pagan comme conseiller spécial pour contrer la campagne accusant la firme de nuire gravement à la santé des nouveaux nés dans le Tiers Monde en commercialisant du lait en poudre. R. Pagan était un homme de droite dure, ancien officier du renseignement militaire. Il a mené une lutte sans merci avec des experts en contre-activisme, vendant ses services à Shell face au boycott de l’apartheid, Union Carbide, une firme multinationale de produits chimiques ou encore Monsanto (bien connue !). Pour lui, les activistes anti-business sont engagés dans « un combat politique » sans merci alors que les gens du business l’ignorent par naïveté.
      Il met en place un véritable plan de bataille reposant d’abord sur une typologie des activistes hostiles aux firmes, distinguant les « réalistes » ouverts à la négociation, les « idéalistes » que l’on peut rééduquer, les « opportunistes » qu’il est aisé de neutraliser en leur offrant « au moins l’apparence d’une victoire partielle » et enfin les « radicaux » qui veulent « changer le système » et qu’il s’agit d’isoler.
      Le dialogue apparaît comme une arme décisive car il s’agit avant tout de « faire passer une ligne de démarcation entre ceux qui sont prêts à dialoguer et les autres. » Ainsi le répression « pourra d’autant plus aisément s’abattre sur eux qu’on les aura ainsi présentés comme étant hors du logos », comme étant des brutes ou des barbares. Le dialogue « sans aucune volonté de négocier » bien entendu apparaît donc comme « une stratégie de pouvoir » très efficace exerçant diverses fonctions de cantonnement, de diversion, de cooptation ou de disqualification des adversaires politiques et des activistes.
     
      Ce mouvement de contre-offensive est également pensé au niveau des États démocratiques confrontés à ces révoltes multiformes. La forme la plus célèbre fut le rapport de la Commission trilatérale intitulé La Crise de la démocratie. Rapport sur la gouvernabilité des démocraties, rédigé par Samuel Huntington et Michel Crozier publié en 1975. Pour Samuel Huntington la démocratie reposait sur la passivité, voir l’exclusion de certains groupes sociaux. Les mouvements d’émancipation des années 60-70 ont remis en cause cet équilibre : des groupes sociaux marginaux se sont mis en tête d’être des sujets politiques à part entière (Noirs, Indiens, Chicanos, femmes, ouvriers, etc.). Ce « déferlement démocratique » est analysé comme une menace grave pour la gouvernabilité de la démocratie. Trop de démocratie tuerait la démocratie. Face à cette menace, la première stratégie de l’Etat a consisté en un interventionnisme tous azimuts au travers de l’Etat keynésien. Loin de renforcer son pouvoir, ceci rendait l’Etat de plus en plus faible et remettait en cause sa gouvernabilité en elle-même.
      Il convenait donc de remettre cette stratégie en cause en imaginant « une nouvelle technologie politique ». Ceci devait passer par la remise en question de l’Etat social (qualifié d’Etat-providence), de l’intervention publique systématique de l’Etat keynésien, et même la démocratie représentative en cas de besoin. Ceci ne pouvait passer par le laisser-faire et la passivité contrairement aux préceptes du libéralisme classique. Il fallait intervenir activement ce qui est une caractéristique souvent méconnue du néolibéralisme souvent confondu avec le laisser-faire. Ceci pourra prendre une voie relativement pacifique et compatible avec  la démocratie électorale. Il convient alors de mettre un ensemble de questions hors de portée de la politique en les inscrivant dans la Constitution comme l’endettement public, l’équilibre budgétaire. Cette voie inspirée par l’ordolibéralisme allemand allait se concrétiser dans les traités européens. L’indépendance des Banques centrales et leur soumission à des objectifs d’inflation allaient constituer une autre arme efficace de soumission. Le marché est ainsi érigé en technologie politique « un principe très efficace de limitation du pouvoir, parce qu’il constitue une instance de régulation qui échappe à la prise des différents agents. »
      Là encore la méthode forte « à la Thatcher » n’était pas toujours la meilleure comme tailler dans les dépenses publiques au risque de susciter des affrontements sociaux et politiques. Le groupe de Saint Andrews, et le néolibéral britannique Madsen Pirie allaient théoriser un ensemble de mesures susceptibles d’être plus indolores au moins dans un premier temps. Ces « micropolitiques », qualifiées par G. Chamayou de « politique du capricorne » devaient se révéler d’une redoutable efficacité et être largement appliquées. Avec pour objectif final la privatisation, elles passent par la baisse des impôts, des subventions aux entreprises et services publics, leur mise en concurrence par des offres privées… Ainsi la détérioration progressive des services rendus, la démoralisation des personnels et les conflits sociaux y afférent, les déficits et endettements justifient alors pleinement leur privatisation, leur démantèlement au nom de l’efficacité, de la bonne gestion et de la satisfaction des usagers. La mesure est d’autant plus susceptible d’être acceptée que le statut des personnels en place n’est pas remis en cause, seuls les nouveaux entrants étant embauchés sous statut privé et précaire. Il s’agit donc de discipliner les gens « non pas tant par la répression de leurs grands désirs que par la réorientation de leurs plus petits choix, afin d’éluder « la grande question du choix de société » en la dissolvant « dans les minuscules questions d’une société de choix ». Ainsi les bus privés pourront concurrencer les trains, les cliniques les hôpitaux, l’école privée l’école publique, les mutuelles la Sécurité sociale relativement sans douleur, sauf à terme pour le pouvoir d’achat des salariés (notamment les plus jeunes) de plus en plus démunis dans le cadre d’un marché du travail de plus en plus dérégulé… Ainsi le néolibéralisme a pu susciter une réelle séduction sous « la double promesse d’autonomie individuelle et d’autorégulation sociale. » et remporter de larges victoires.
      Mais ce néolibéralisme peut aussi se muer en « libéralisme autoritaire » si l’ordre du marché venait à être plus radicalement mis en cause. Les visites de Friedrich Hayek à Pinochet au Chili, son projet de constitution envoyé au dictateur portugais de l’époque Salazar, son séjour dans l’Argentine de la dictature militaire, sont l’illustration de sa conception qu’il résume lui-même par une formule de 1981 : « Personnellement, je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique sans libéralisme. » Ceci ne va pas sans évoquer Carl Schmitt, le philosophe et juriste allemand proche du national-socialisme qui posait les bases en 1932 d’un « Etat fort-faible, fort avec les uns, faible avec les autres. » Grégoire Chamayou évite toutefois le manichéisme : « que la transcroissance de l’Etat libéral en Etat total autoritaire soit possible, et que, sans être nécessaire, ce phénomène ne soit pas accidentel, ne permet pas d’en conclure que le libéralisme serait par essence un crypto-fascisme, ni que le fascisme soit la simple continuation de l’économie libérale par d’autres moyens idéologiques. » Le Chili c’est « l’exception, pas la règle » insistait Milton Friedman qui envoyait néanmoins ses Chicago boys dans le Chili de la dictature.
     
      La prolifération de « démocratie illibérales », l’usage de moyens de répression de plus en plus violents y compris en France, éclairent toutefois d’un jour nouveau la possible dérive des sociétés démocratiques lorsque l’ordre marchand se trouve sérieusement remis en cause ou déstabilisé par ses excès mêmes. L’oscillation entre la pratique systématique du dialogue stratégique, du débat sans fin, et celle de l’usage du monopole de la violence légitime est ainsi dans les prémices des technologies politiques néolibérales qui sont posées dans les années 1970 et 1980, avant d’être systématisées dans les années 1990 et 2000. 
      Un ouvrage que l’on peut heureusement compléter par la lecture de celui de Barbara Stiegler "Il faut s’adapter " Sur un nouvel impératif politique, Nrf, Essais, Gallimard -2018, sur les bases évolutionnistes de la pensée néolibérale américaine, celle d’un Walter Lippmann.  Tous les moyens de l’Etat doivent être mis en œuvre par des gouvernements d’experts pour que l’humanité s’adaptent aux changements exigés par la mondialisation capitaliste, au-delà de toute résistance, pour construire artificiellement le marché. Cette « biopolitique » vise à transformer une humanité rivée à la stabilité de l’état social hérité de l’ordre traditionnel… A méditer…
     








   



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Vous retrouvez dans cette nouvelle rubrique divers articles reflétant des opinions diverses concernant des thèmes d'actualités ou des articles proposés par des proches de l'association.


 

* ACTUALITÉ DE 2020

 

 

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 * Notes de lecture :
 
Ces quelques lignes pour souligner l'intérêt de l'oeuvre de Murray Bookchin dont on vient de publier L'écologie sociale, Penser la liberté au-delà de l'humain, Wildproject Editions, 2020, 340 pages, Traduction Marin Schaffner.
 
Voir ici une note (de Eric Duchemin) sur une Une société à refaire, Editions Ecosociétés, 1993, du même auteur dans Open éditions
 
 
 Anticapitaliste et libertaire, Murray Bookchin est l'un des pionniers de l'écologie sociale. Pour cet autodidacte américain, l'exploitation de la nature découle directement des rapports de domination au sein des sociétés humaines. Une récente anthologie met en évidence la visée émancipatrice et critique de sa pensée. Ce recueil rend compte du projet de Bookchin d'explorer les liens constitutifs et réciproques entre société et nature, dans l'optique de dépasser les dualismes hiérarchiques occidentaux responsables de la crise écologique et sociale.
 
 
NB : la rédaction ne partage pas les réflexions critiques de cette note.
 

Un lien vers une note de lecture de Bernard Drevon sur la mutation de l'an mil dans la région de Cluny et la fin de l'Antiquité en hommage à Guy Bois récemment décédé en juin 2019 sur le site du Séminaire interdisciplinaire d'histoire économique - CNRS - , La mutation de l'an mil - Lournand village mâconnais de l'Antiquité au féodalisme - préface de Georges Duby,  Paris, Fayard , 1989

Un ouvrage passionnant pour sa méthode et son contenu

https://sihe.hypotheses.org/1012#more-1012

 

* Quelques références sur les oeuvres de Karl Polanyi et Thorstein Veblen :

 

Une émission de France Culture sur Karl Polanyi, La grande transformation, par Jérôme Maucourant (14/9/2018)

Par le grand spécialiste de Karl Polanyi, auteur de Avez-vous lu Polanyi ?

https://www.franceculture.fr/emissions/la-bibliotheque-ideale-de-leco/la-grande-transformation-karl-polanyi


Un texte remarquable d'Olivier Brette sur Veblen, Valeur marché et progrès dans la pensée de Thorstein Veblen

Ici en libre accès  http://books.openedition.org/ifpo/9727?lang=fr

L'article vise à identifier et articuler les principaux apports de l'oeuvre de T. Veblen à la théorie de la valeur économique. Après une critique des théories dominantes à son époque (comme le paradigme néoclassique ou l'évolutionnisme inspiré de Spencer),  il met en évidence l'autonomie des valeurs marchandes et leur irréductibilité à d'autres régimes d'évaluation et jette les bases d'une théorie de la valeur sociale et du progrès socioéconomique.

 

Traduction d'une oeuvre de Thorstein Veblen, Théorie de l'entreprise d'affaires, trad. Anthony Valois, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 276 p. 27 euros.

Cette oeuvre recèle des idées dont l'actualité est frappante : la création d'ententes et d'oligopoles pour s'assurer le contrôle du marché ; le "recours aux méthodes commerciales dans la direction des écoles" ; l'"insincérité des journaux et des magazines"... Une introduction à l'institutionnalisme naissant et une réflexion sur les fondements de nos sociétés capitalistes.

 

Des marchés au Marché, d'une transformation à l'autre 

(autour de l'oeuvre de Karl Polanyi)

Vous pouvez écouter la conférence de Alain Guéry, chercheur CNRS, Historien, Des marchés au Marché, d'une transformation l'autre, sur Dailymotion en suivant ce lien

https://www.dailymotion.com/video/x6hb04w

et vous pourrez lire le commentaire d'Olivier Brette D'un institutionnalisme à l'autre sur cette intervention d'Alain Guéry dans la rubrique Documents en suivant ce lien.

autour du livre de K. Polanyi – C. M. Arensberg – H. W. Pearson - Commerce et Marché dans les premiers empires – Sur la diversité des économies- Le bord de l’eau – nov. 2017 - avec une préface de Alain Caillé du MAUSS.L'affiche est disponible ici en suivant ce lien  "D'une transformation à l'autre" -  - dans le cadre du séminaire "Histoire économique" avec les laboratoires CIHAM, HiSoMA, IAO, LARHA, Triangle avec le soutien de l'EHESS et de la MSH-LSE, de l'Apses et Les amis de Veblen

voir sur  Le journal du Mauss un dossier complet sur cet ouvrage:

 

La réédition de cet ouvrage est un événement important puisqu’il ouvre des perspectives sur les sociétés primitives et archaïques particulièrement étudiées par Karl Polanyi et ses collègues, mais aussi car il nous permet de prendre une distance critique avec bien des stéréotypes sur les sociétés du passé comme sur les sociétés contemporaines. Comme l’écrivait Marcel Mauss « L’homme n’a pas toujours été un animal économique… il n’y a que peu de temps qu’il l’est devenu. » Traduisons par : "Le marché n’a pas toujours existé, il n’y a que peu de temps qu’il est advenu."

En outre, il ouvre des perspectives de méthode pour aider à comprendre la société contemporaine comme les sociétés du passé.  Alain Guéry est l’auteur de la postface de l’ouvrage s’intéressant tout particulièrement à l’émergence des marchés et du capitalisme dans les sociétés occidentales à partir du Moyen Age. Jérôme Maucourant - laboratoires Triangle et HISOMA - a contribué à l’introduction avec Michele Cangiani - Università Cà Foscari - Venezia. Ils réfléchissent à l’apport méthodologique de l’oeuvre de Karl Polanyi pour comprendre le  capitalisme contemporain.
 

Publications

Nos adhérents publient :

  • ** Commerce et marché dans les premiers empires - Sur la diversité des économies, par Karl Polanyi, Conrad Arensberg & Harry Pearson. Introduction à la nouvelle édition française  par Michele Cangiani & Jérôme Maucourant. Avant-propos d’Alain Caillé. Postface d’Alain Guéry, Le bord de l'eau/La bibliothèque du Mauss, 2017.


  • Oliver Brette et Victor Vieira da Silva (avec Nathalie Lazaric) publient une étude comparée des approches de T. Veblen et H. Simon sur la rationalité et la prise de décision - "Habit, Decision-Making, and Rationality : Comparing Thorstein Veblen and Early Herbert Simon"

 

  • To cite this article : Olivier Brette, Nathalie Lazaric & Victor Vieira da Silva (2017) Habit, Decision- Making, and Rationality: Comparing Thorstein Veblen and Early Herbert Simon, Journal ofEconomic Issues, 51:3, 567-587

 

  • Olivier Brette publie également : The Vested Interests and the Evolving Moral Economy of the Common People, Journal of  Economic Issues, 51.2, 503-510, 2017 - Olivier Brette effectue une analyse comparée des travaux de Edward P. Thompson, le grand historien anglais et ceux de Thorstein Veblen.

 


 

  • La conférence riche et passionnante (Lyon - 9 juin 2016) d'Olivier Brette et Claude Gautier sur T. Veblen, John Dewey et le pragmatisme américain est accessible en ligne ici (deux parties) sur Dailymotion. Au delà de sa dimension historique et culturelle, elle ouvre des perspectives critiques enrichissantes sur notre système social et politique.

 

 Un texte de Gérard Noiriel sur le mouvement des gilets jaunes

 

* Dominique Méda sur France Culture le 18 juin 2018

Emmanuel Macron, refondateur ou démolisseur du modèle social

https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/emmanuel-macron-refondateur-ou-demolisseur-du-modele-social

https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins-2eme-partie/emmanuel-macron-refondateur-ou-demolisseur-du-modele-social

 

 *  Un livre de sociologie riche et stimulant.

Les classes sociales en Europe - Tableau des nouvelles inégalités sur le vieux continent, Alexis Spire, Cédric Hugrée, Etienne Pénissat - Agone - 2017

Voir la recension sur La vie des Idées

Télécharger le pdf

Les classes populaires européennes se caractérisent aussi par la présence en leur sein d’une forte immigration : la part des travailleurs non européens y est d’environ 7 % – jusqu’à 17 % parmi les agents d’entretien – contre 2 % parmi les classes supérieures et moyennes. Cette lecture de l’immigration par les positions sociales éclaire d’un jour différent les discours des gouvernants européens sur les dangers d’une xénophobie venant du « bas » de la société : à la différence des classes supérieures, si promptes à mettre en avant la mobilité transnationale et la tolérance aux autres, les classes populaires sont dans les faits nettement plus métissées et mélangées que tous les autres groupes sociaux. En période de crise, les phénomènes de concurrence sur le marché du travail sont bien plus forts parmi les ouvriers, employés et travailleurs agricoles que pour celles et ceux qui se placent plus haut dans la hiérarchie sociale. Ces trente dernières années, les contours de l’Europe n’ont cessé de s’élargir, contribuant à y rendre plus visibles les inégalités.  À partir de grandes enquêtes statistiques, cet ouvrage prend le parti d’une lecture en termes de classes sociales : contre la vision d’individus éclatés touchés par la crise, l’objectif est de rendre visibles les rapports de domination entre groupes sociaux. Une étape préalable nécessaire pour explorer les conditions de possibilité d’un mouvement social européen.

Un article du Monde diplomatique (mai 2017) sur les métamorphoses des classes populaires pdf accessible ici

Une note de lecture de la rédaction dans Documents

 

* Deux recensions du livre de Norbert Elias, Les Allemands, précédé de Barbarie et "dé-civilisation" par Roger Chartier, La librairie du XXI° siècle, Seuil, 2017

 Une recension par Christophe Charle - "Le fétichisme de l'ordre", dans La Vie des Idées - décembre 2017

 Une recension de Erik Neveu dans La revue française de sciences politiques

 

* Inégalités salariales, emploi : pourquoi l'emploi se polarise ? sur le blog de l'OFCE

https://www.ofce.sciences-po.fr/blog/les-nouvelles-inegalites-du-travail-pourquoi-lemploi-se-polarise/#more-9519

Extraits

"Alan Manning et ses co-auteurs calculent comment évolue la part de ces trois groupes dans l’emploi total. Leurs résultats, présentés dans le graphique 1, indiquent que, dans la plupart des pays, l’emploi se polarise, c’est-à-dire que la part des emplois intermédiaires est en forte baisse au profit d’une hausse des emplois soit peu qualifiés, soit très qualifiés. La baisse des emplois intermédiaires est conséquente : en France, avec une chute de 8 points, l’emploi intermédiaire se réduit de 47% à 39% entre 1993 et 2010. En comparaison, sa part recule de 12 points en Espagne, 11 points au Royaume-Uni, 10 points en Suède et au Danemark, 6 points en Allemagne et 5 points au Portugal.

Si la part des professions intermédiaires se contracte, les parts des emplois peu qualifiés et très qualifiés sont en nette expansion. En France, ces deux groupes augmentent de manière parfaitement symétrique, d’environ 4%. Ainsi, pour deux emplois intermédiaires qui disparaissent, à la fois un emploi qualifié et peu qualifié supplémentaire est créé. Notons que par rapport à la Belgique (+9%), au Danemark (+8%) ou la Finlande (+12%), la progression de la part des emplois qualifiés est plus modérée en France ; elle est proche de celle de l’Allemagne, l’Autriche ou la Norvège."(...) Mais...

"Certains chercheurs pensent que les développements des machines intelligentes et de la robotique devraient permettre de remplacer le travail dans un grand nombre d’emplois dans les années à venir. En 2015, les chercheurs Carl Benedikt Frey et Michael Osborne de l’Université d’Oxford prédisaient que 47% des employés aux États-Unis ont un travail qui risque d’être automatisé dans le futur[9]. Ils prévoient des conséquences particulièrement importantes dans les transports et la logistique, où les progrès des capteurs intelligents rendront les véhicules sans conducteurs sûrs et rentables.

Mais les emplois des moins qualifiés ne sont pas les seuls à être menacés. Les capacités d’analyse grandissante des ordinateurs leurs permettent maintenant d’aider à la décision dans des tâches complexes, notamment dans le domaine médical ou juridique, où elles remplacent ainsi du travail qualifié.etc..."

* A signaler sur la finance :

Un ouvrage de référence pour comprendre les questions monétaires et financières contemporaines

Macroéconomie financière, Michel AGLIETTA, Natacha VALLA

Comment la macroéconomie et la finance peuvent-elles s’articuler pour comprendre les défis de la globalisation ? L’ambition de cette 6eédition est d’apporter la perspective historique et les éléments théoriques permettant de répondre à cette question. Elle prend pleinement en compte la dimension mondiale des interactions entre finance et économie qui s’expriment par le cycle financier.
La dynamique qui en émane permet d’éclairer l’importance de la monnaie et explique les crises financières.
La première partie montre comment les transformations de la finance dans les régimes de croissance façonnent les comportements des acteurs financiers et non financiers. Elle met en évidence les innovations qui ont marqué l’essor de la globalisation financière et sécrété ses fragilités.
La seconde partie s’ouvre sur une caractérisation des phases de globalisation dans l’histoire du capitalisme. Elle se poursuit par une étude des crises financières en insistant sur la crise systémique la plus récente. Enfin, elle étudie les réponses des puissances publiques en matière de politique monétaire et de stabilité financière. L’enjeu est de faire évoluer la finance vers l’allocation des ressources au service d’un développement inclusif et soutenable.


http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Macro__conomie_financi__re-9782707192509.html

 

 * Sur France Culture (26/10/2017) Castoriadis, une pensée radicale ?

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/castoriadis-une-pensee-radicale?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1509055934

 * La crise grecque et "l'art de la négociation"

Yanis Varoufakis, économiste et ancien ministre des finances du Gouvernement Tsipras, vient nous présenter les coulisses de l’Europe et les négociations au moment de la crise grecque. Rencontre, autour de son dernier livre, Conversations entre amis, dans les coulisses secrètes de l’Europe.

A écouter ici :

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/entendez-vous-leco-lundi-16-octobre-2017


Notre intrigue d’aujourd’hui se déroule en Europe, au cœur de la crise grecque. La duplicité des personnages décrits est si stupéfiante qu’on la croirait inventée... Pourtant le préambule du livre est sans équivoque: l’auteur s’est appuyé sur des notes prises lors de réunions officielles et il n’est autre que Yanis Varoufakis.

"Le plus fou, c’est que Christine Lagarde m’a dit que j’avais raison, que le programme de “sauvetage” de la Grèce ne pouvait pas fonctionner. Mais le capital politique en jeu était trop important pour revenir dessus.

En étant un insider, il fallait continuer à faire semblant qu’un plan, voué à l’échec, allait marcher."

 

Un article intéressant par Alain Supiot, professeur au Collège de France, dans Le Monde Diplomatique N° 763, Octobre 2017, "Et si l'on refondait le droit du travail" -

"Adapter le droit du travail aux nouvelles formes d'organisation du travail en prenant réellement en compte les aspirations humaines conduirait à de tout autres réformes"

Une réaction de Daniel Cohen sur France Inter

Daniel Cohen : "La réforme du Code du Travail, c'est surtout une occasion ratée" sur https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-29-septembre-2017

Frédéric Lordon sur son blog du Monde diplomatique

http://blog.mondediplo.net/2017-10-03-Le-service-de-la-classe

 

 * De Pierre Dardot et Christian Laval, Ce cauchemar qui n'en finit pas - Comment le néolibéralisme défait la démocratie - La découverte - mai 2016 - ISBN 9 782707 188526

Comment expliquer l'étrange survie des forces pourtant responsables de la crise économique de 2008, l'une des pires depuis 1929 ? Comment expliquer que le néolibéralisme soit sorti en fait renforcé de la crise ? Pour les auteurs le néolibéralisme n'est pas un simple dogme. Il est un véritable système politico-institutionnel obéissant à une logique d'auto-renforcement. Loin d'être une rupture, la crise est devenue un mode de gouvernement renforçant à chaque étape l'emprise des logiques marchandes et capitalistes. Ils analysent comment l'ordolibéralisme, dépassant le libéralisme classique de Hayek, est le vecteur le plus puissant d'une véritable désactivation de la démocratie en inscrivant dans les Constitutions des États, de l'UE et l'ensemble des institutions les principes de concurrence généralisée, d'indépendance des banques centrales et d'illimitation dans tous les domaines de l'existence. Véritable changement civilisationnel, ce système devrait d'abord être analysé pour que ces logiques puissent être éventuellement inversées. A lire et à discuter...

Un entretien sur France culture consacré à l'ouvrage (3 mai 2016) - Comment reconstruire notre monde commun

 

 * Un excellent livre d'Éloi Laurent à la portée de tous : Nouvelles mythologies économiques

Eloi Laurent nous régale avec ce second opus dénonçant les fausses vérités du raisonnement économique libéral, xénophobe ou anti écolo. Côté doxa libérale, le premier chapitre démystifie la Silicon Valley - lieu de spéculation techno-financière où règne l'opacité fiscale. Il balaie aussi la soi-disant fin du salariat qu'elle nous promet. Ou encore les règles budgétaires européennes qui nous imposeraient une austérité sans fin, le poids trop important des dépenses publiques en France.

http://www.alternatives-economiques.fr/nouvelles-mythologies-economiques_fr_art_1453_77451.html

Une interview dans les Inrocks

Ici sur France Inter

 

* Accélération :  le livre de Harmut Rosa - Accélération. Une critique sociale du temps - note de lecture ici

 


 

* Euro, BCE, Allemagne

 

 

* Réchauffement - Climat

Accès ici au dernier rapport du Giec alarmant (résumé à l'intention des décideurs ici)

Thomas Piketty : "Les riches doivent payer" dans Le Monde - 28/11/2015 - (suivre ce lien) - analyse stimulante des sources et des agents pollueurs - en fait les Chinois polluent moins qu'on le dit et les Européens beaucoup plus !

Jean Tirole plaide à nouveau pour un marché mondial de permis d'émission du carbone dans Les Échos (suivre ce lien). Les agents seraient sensibles au signal prix (voir ici dans Le Monde en clair)

 

* Publication de la traduction du livre important :

 

L'Imposture économique, de Steve Keen. Préface de Gaël Giraud. Les Editions de l'Atelier, 532 pages, 27 euros. A

paraître le 9 octobre. Une présentation sur le site des Editions de l'Atelier

L'auteur y critique les hypothèses de la théorie économique néoclassique. Jean Gadrey en fait une analyse en trois parties sur son blog (ici partie 1) - Une puissante critique de l'économie dominante...

 

 

 

 

* Quels indicateurs économiques ?

Une émission sur France Culture le 6 mai 2015 Le PIB, l'économie et nous avec Eloi Laurent - La grande table deuxième partie -

http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-le-pib-l-economie-et-nous-2015-05-06

 


 

 

 

 

 


 

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